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Fabrice

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Fabrice – Coach et Manager Basket 3×3Le 15 mai 2022, Fabrice, coach et Manager basket 3×3, se rend à l’Open Plus du Havre avec son équipe pour leur premier tournoi de l’année. Une photo de l’une de ses joueuses, M., qui porte un couvre-chef sportif, est publiée sur les réseaux sociaux de la Fédération française de basket-ball 3×3. À cette époque, l’article 9.3 qui interdit le port de tout équipement « à connotation religieuse ou politique » n’a pas encore été adopté. Seule la note accompagnant l’interprétation française de la règle FIBA 4.4.2 mentionne l’interdiction des accessoires de tête et des bandeaux de plus de huit centimètres. Trois jours plus tard, le 18 mai, Fabrice est à l’INSEP avec M., pour un tournoi de préparation des équipes de France jeunes. C’est alors qu’il reçoit l’appel d’un employé de la FFBB, l’informant que ses joueuses ne pourront pas participer au tournoi du 21 mai, auquel elles sont inscrites, si elles portent leur couvre-chef : « Il faudra que tu leur demandes d’enlever leur couvre-chef, sinon elles ne pourront pas participer. ». Ce à quoi il répond : « Je ne vais rien demander du tout. Ce n’est pas une casquette ou une capuche. Si les filles ont joué au Havre par 30°C c’est qu’elles ont leur propre raison. On ne peut pas demander aux gens d’enlever. Soit elles jouent avec, soit elles ne jouent pas. ». On l’informe qu’une commission devrait se tenir le 10 juin pour statuer sur l’autorisation ou l’interdiction de cet accessoire en compétition 3×3. Finalement, on ne saura pas si cette commission a eu lieu : même même après plusieurs jours et de nombreuses relances, aucune décision n’a été prise ni transmise à Fabrice. Ses joueuses sont depuis privées de compétitions 3×3, un crève-cœur pour ces passionnées qui jusqu’alors n’avaient pas rencontré de problème : « On connaissait la règle dans le 5×5 mais on ne savait pas qu’elle existait dans le 3×3. Pour les filles, le 3×3 était un échappatoire. Elles étaient à des années-lumières de penser que ça pourrait leur arriver. ».De son côté, Fabrice a décidé de ne pas rester inactif face à cette discrimination : « Moi je trouve que c’est une règle qui est injuste. C’est pour cela que j’accepte de témoigner. C’est une injuste que vivent les filles parce qu’un garçon avec une longue barbe par exemple, on ne va pas lui interdire de jouer. Je ne vois pas pourquoi une fille avec une cagoule, qui ne lui procure aucun avantage, qui ne blesse personne, ne pourrait pas jouer. C’est vraiment ce sentiment d’injustice qui me dérange. Pour les amateur.e.s qui, comme moi, ont des petites voix et qui trouvent que cette règle n’est pas en adéquation avec leurs valeurs : faisons remonter cette injustice. Plusieurs petites voix, c’est bien. Il faut vraiment qu’elles émergent et entrent en synergie, que toutes les personnes qui se sentent concernées en parlent. Il ne faut pas avoir peur de prendre position. Pour les grosses têtes, les influenceurs, les personnes un peu connues : je sais que ça n’est pas évident. C’est un sujet touchy mais on a besoin de ces personnes-là. Si un Tony Parker ou un Evan Fournier, ou des joueurs/joueuses pros prend le problème à bras le corps (s’ils le pensent) et disent : “C’est injuste, il faut arrêter avec cette règle.” il faut qu’ils osent en parler.Je pense qu’aujourd’hui tout le monde trouve ça injuste mais comme c’est un sujet délicat, les gens se disent peut-être que ça risque d’écorner leur réputation ou de créer des mauvaises répercussions avec des partenaires. C’est difficile de leur imposer leur imposer de se mouiller. Mais s’ils se sentent de le faire, qu’ils y aillent. On n’est pas en train de remettre la faute sur la fédération ou le gouvernement : on veut que la règle change. Il y a un règlement, on en prend note. Mais les règlements sont faits pour être changés quand ils sont injustes. C’est une histoire d’injustice et de discrimination qui n’ont pas lieu d’être en 2023. »